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Abattages rituels : l'halal c'est l'hallali ?

Il fallait bien qu'un sujet tel que le bien-être animal soit présent, voire utilisé, dans la campagne présidentielle, pour que LVEV sorte une analyse de derrière les fagots. Parce que, soyons francs, les sujets à la mode sont...à la mode.

Ainsi, le fameux article "Assiettes tous risques et Elise Lucet", malgré une remise à zéros périodique des compteurs, trône perpétuellement dans le TOP 10 des articles les plus lus, au détriment de mes paisibles articles de potager champêtre mal entretenu, ou bien de mes quasi-mais-pas-tout-à-fait fabuleuses photos de grues cendrées...

Or, sur le sujet du halal, il y a des choses à dire, effectivement. Tout d'abord, pour ceux qui n'auraient pas suivi toute la polémique, il faut rappeler les faits : les "abattages rituels" (c'est-à-dire les viandes halal et casher) impliquent entre autres rites (avoir la tête tournée vers la Mecque, prières, etc...) que l'animal ne soit pas étourdi avant d'être abattu par saignée.

Il faut bien comprendre que le terme d' "étourdissement" recouvre une réalité très importante dans ce cas : un animal est étourdi lorsqu'il a perdu conscience. Donc, dans les chaînes d'abattage "traditionnelles" ou "areligieuses", l'animal perd conscience (suite, selon les cas, à un coup de pistolet à balle captive dans le crâne, à une électrocution, un gazage), puis ensuite il est saigné ce qui est la véritable mise à mort.

Certains diront : oui, mais lors de saignée la perte de sang est brutale et rapide, le cerveau est donc rapidement inconscient de ce qui se passe. Que nenni, chez les bovins le réseau sanguin est tel que l'artère vertébrale peut prendre le relais pour amener le sang au cerveau si les carotides sont sectionnées. En clair : en sectionnant les carotides chez les bovins, il faut encore une centaine de secondes (plus d'une minute et demie) pour que le cerveau ne soit plus irrigué. Autrement dit, l'animal a parfaitement conscience de se vider de son sang, de partir sur la chaîne d'abattage, voire de sentir ce qui se passe aux premiers postes, alors qu'il devrait déjà être en mort cérébrale. Je précise que par exemple cette centaine de secondes a été mesurée chez des veaux.

Ce qui entraîne plusieurs remarques : premièrement, oui, les abattages rituels ne sont pas acceptables tels quels dans un monde où l'on se soucie une peu du bien être animal. Après, faut-il pour autant interdire aux croyants, de quelque religion que ce soit, de manger selon leur foi ? Nous y reviendrons.

Deuxièmement, oui, c'est un véritable scandale que la moitié des bêtes abattues dans des abattoirs soient abattues rituellement quand seulement 4% de cette viande va vraiment dans des circuits halal. Non pas que cela me dérange de manger (même sans le savoir) une viande abattue selon un rite queconque ou bénie par un bocor vaudou. Mais parce que dans le cas de ces rites, l'abattage est inadéquat selon ma conviction que les animaux abattus doivent souffrir le moins possible. Or, la seule raison qui fait que de nombreux abattoirs font autant de viande "rituelle" est tout simplement que l'étourdissement n'est pas à faire. Cela économise un poste, c'est moins coûteux. Là est le noeud du scandale.

Existe-t-il des solutions ? Depuis quelques jours, on entend ainsi déblatérer associations de défense du bien-être animal (souvent d'ailleurs les mêmes qui prônent le végétarisme pour tous - tiens une idée d'article, le végétarisme) en alternance avec politiques em...embarassés de devoir choisir entre ceux qui ont un respect profond de l'animal et ceux qui ont une foi suffisamment ancrée pour réclamer qu'on les laisse abattre leurs viandes ainsi qu'il est prescrit par leur religion. Apparemment, rien n'est possible à leurs yeux pour réconcilier les premiers (et on les comprend) et les seconds (et, bien que l'auteur de ces lignes soit un agnostique convaincue, on les comprend aussi).

Etonnament, les seuls qui ne sont pas interviewés sont les vétérinaires...qui non seulement travaillent en abattoirs, mais en plus sont les seuls scientifiques réellement à même de juger du bien-être animal, que ce soit en élevage ou à l'abattoir.

Pourtant, ils ont bien tenté de la faire entendre, leur voix. Le communiqué de leur syndicat date du 21 Février, j'en cite un passage intéressant : "Le SNVEL demande donc que des mesures soient prises pour une généralisation de l’étourdissement post-jugulation des animaux lors de l’abattage rituel afin de leur éviter des souffrances inacceptables."

Tiens donc, serait-ce la solution ? :)



06/03/2012
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